vendredi 2 novembre 2012

Un matin

 Frédérique Martin et moi-même nous invitons à nouveau mutuellement dans le cadre des vases communicants. J'accueille son poème ci-dessous, tandis que mon texte est reçu chez elle, précisément ici :

UN MATIN

Cette route est mauvaise
avait prophétisé la vieille
son doigt tordu par des os récalcitrants
en ruminant quelque ignoble débris
tiré de son dentier bancal.

Sur le si bas côté
la route l’a vomie,
dans son manteau de poils
noirs et blancs
que la brise caresse
avec la douceur
d’une mère très aimante.

Elle gît,
tout à l’offense
d’avoir croisé le fer
de plus robuste qu’elle.

Elle gît,
après qu’un râle soit monté
qu’il ait enflé dans un cri
retenu
puis happé par un coup.

Un seul –
comme le mot gravé dans le marbre
– coup

Qui l’a étendue
pattes raides
tendues vers cette ligne
où l’horizon se dérobe
où la terre se réconcilie.

L’oreille vive
malgré la chair durcie,
elle me tournait le dos.
Sans doute pour m’épargner
– les bêtes sont pudiques –
l’offrande qu’elle avait faite
sur l’herbe encore humide
de son œil
exorbité.




.../...

Liste des autres participants aux vases communicants :

Mathilde Roux et Jean-Marc Undriener 
Poivert
  et André Rougier
Euonimus Blue
et Éric Dubois
Danielle Masson
et Jérôme Fandor
Virginie Gautier
et Ana NB
Anne Savelli
et Olivier Hodasava
Anne-Charlotte
et Christopher Sélac
Lirina Bloom
  et Nicolas Bleusher
François Bonneau
et Pierre Ménard
François Bon
  et Arnaud Maïsetti
Christine Leininger
et Camille Philibert-Rossignol
Michel Brosseau
  et Guillaume Vissac
Christine Jeanney
et Piero Cohen-Hadria
Anna Jouy
  et Murièle Modely
Sabine Normand
  et Wanatoctoumi
Elizabeth Legros-Chapui
s  et Amélie Charcosset
Martine Horovitz Silver
  et Valérie Pascual
Déborah Heissler
  et Christophe Sanchez
Catherine Désormière
  et Dominique Hasselmann
Madame de Keravel
  et Dominique Autrou
Maïa
  et Louise Imagine
Maryse Hache
et Laure Morali
Eve de Laudec
  et Brigitte Célérier


10 commentaires:

  1. Bcp aimé ton jeu avec les temps passé-présent-passé qui ameublit la dureté de ce poème. C'est ton style, ton style. Bises morvandelles.

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  2. Zut et re zut, le mot qui me trottait en tête en découvrant ce poème vient de s'enfuir dans un coin de la mémoire percée.
    Il décrivait si bien les entrelacs de ce cruel conte poétique balancé avec une nonchalance calibrée, en trompe œil jusqu'à la chute finale. Il est un cocktail détonant et plaisant, ô combien, d'observations fines, de tendresse sarcastique, de surprise ,habilement, téléphoné....Il reste léger . Les mots dansent des entrechats. Une anecdote morbide se déroule décrite avec une drôlerie mesurée qui empêche la larme de jaillir mais retient le sourire....Il faut vous garder à l’œil, Frédérique, pour ne pas rater vos pépites . Si vous deveniez chroniqueuse en chiens écrasés , je m'abonne .....

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  3. Oh non Patrick, je suis trop sensible pour ce genre de chronique.

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  4. Je l'ai lu plusieurs fois de suite. Toujours très bien.

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  5. Oui, très bien.
    C'est bien quand vous vase-communiquez, j'trouve. :)

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  6. vin diou ! jusqu'avant la photo clôturant le poème, je lisais autrement... me disais elle y va fort la frédérique :)

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  7. La photo, c'est pour le souvenir. Je pense que votre première lecture, Michèle, était la bonne.

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