mardi 14 juillet 2015

Les jours qui blanchissent

Il est à jamais fermé le sac
qui contient ton cœur tes rages
tes douceurs de chat tes tendresses
de tigre affamé et la couleur
de ton âme qui brûle comme un feu
de forêt en libérant des anges
de cendres et des braises
dont la clarté dure une seconde
le temps que tu les respires
—il est à jamais fermé bien clos
sur ses paupières et sa nuit
si profonde que l’on s’y perd
quand le soleil laisse sa place à la lune
et qu’une brise dans les branches
réveille les gouffres et les failles
qui ouvrent le sol sous tes pieds

Les aubes blanchiront les jours
brilleront sur les porcelaines
engourdies et sur les lustres en plastique
mais le sac restera resserré
sur lui-même tandis que les ciels
s’étendront encore très loin
sur la mer et les plaines béantes
comme des haleines

(c’est la lampe qui tremblote
dans tes yeux et l’eau qui court
sur tes jambes maigrelettes
où les veines charrient un sang
plus bleu que l’eau de l’océan
que tes mains tâtent un peu
avant de s’y enfoncer— c’est le souffle
qui frémit qui lâche ses astres
dans la fraîcheur du soir—
on entend des rires crépiter
au milieu des puces et des coquillages
usés par l’air et le sel)

Et tu fermes les yeux pour te fondre
à jamais dans cette nuit protectrice
comme un baiser d’enfant.

2 commentaires:

  1. Ici, la poésie se fait oraison, elle cherche à accompagner une âme en transit vers le royaume des limbes....

    RépondreSupprimer