vendredi 17 juillet 2015

Petit déjeuner

Une maison tiède comme un gant
et douce comme du lait
quand la brume s’agrippe
encore à la vigne vierge et vivace
dont les crocs sont frêles
et les pattes à peine plus acérées
que celles des moineaux

Les cheminées prennent des couleurs
dans l’effarement d’après sommeil
on bâille on hale les heures
toutes fraîches hors du puits
où elles attendaient que le monde
s’émeuve et se mette en mouvement
sur son axe comme une balle
jetée dans les airs

«Ce sera une belle journée
de fruits et de mots de caresses
légères et de tendresses
infinies un jour qui s’éloigne
sans bruit des terreurs
un jour qui s’écarte du chant des Morts
puisque les morts sont bien morts
— ce sera un jour de baisers
de murmures à l’oreille
et de beurre sur du pain blanc»

On reprend de la confiture
on regarde les mottes de terre
et la pelouse scarifiée par la tondeuse
qui dort dans la remise ouverte
à l’air frémissant de l’aurore
et l’on hume le premier soleil
qui coule comme un pétale
sur la table où le désordre des couteaux
se mêle à l’ordre des miettes.

2 commentaires:

  1. Un havre de vie se construit qui refoule la mort à ses frontières. Une harmonie s'installe entre les vivants et la nature. L'auteur détourne à dessein les mots qui évoquent un petit déjeuner tendre. La maison est "douce comme du lait". Les mottes de terre sont décrites à l'unisson "du jour qui sera de pain blanc"..... Poème agile à peindre la quiétude d'un moment de "tendresse et caresses"....

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